Ubu par Vallotton

Publié le par L'Ombre

Cela aurait été parfait pour mon article d'hier, mais ce numéro du Cri de Paris du 25 février 1900, portant en couverture « Albert Ubu de Galles » par Vallotton n'est arrivé chez moi qu'aujourd'hui ! Le bonhomme ventripotent, très proche effectivement des proportions ubuesques selon les portraits que nous a légué la postérité, incarne une fois de plus une version politique du Maître des Phynances : Albert Édouard VII de Galles, fils de la reine Victoria et futur Édouard VII. Le brave Albert, durant le veuvage de sa mère, fut laissé à l'écart des Affaires et devint une sorte de symbole de l'aristocratie riche et oisive (d'où sans doute la gidouille) ; il eut son rôle à jouer dans la mise en route de la guerre des Boers, ce qui explique la légende : « Envions, Messieurs, ceux qui meurent pour notre gidouille royale. »

À l'intérieur du journal (p. 6), un compte rendu d'Ubu enchaîné, qui vient de paraître :

« Ubu Enchaîné précédé de Ubu Roi »

M. Alfred Jarry peut renoncer, s'il lui plaît, à toute littérature désormais ; il peut ne plus jamais consentir à mouvoir une plume ; il a eu dans sa vie d'écrivain le bonheur que rencontrent si peu de constructeurs de pièces ou d'équarisseurs de romans ; il a créé un type, un type immortel, d'une fantaisie admirablement vraie, d'une vérité étonnamment fantaisiste, un type rabelaisien, picrocolesque et pantagruëlique, un type de guignol tragique, le boufre, apothéose horrificque et monstrueuse du Monsieur, de Thiers à Prudhomme : Ubu, le Père Ubu.

Ubu Roi vient de reparaître dans une nouvelle édition augmentée, c'est-à-dire enrichie d'une dramaturgie inédite, Ubu Enchaîné, où nous assistons à une nouvelle incarnation de ce terrible bonhomme dont Gémier avait autrefois, à l'œuvre, évoqué la silhouette de cauchemar. Nous retrouvons le couple ubuesque, mais Bordure, Venceslas, Bougrelas et les Polonais sont remplacés par les Pissedoux et les Pissembock dont la fantocherie n'est pas moins épique. Nous attendons maintenant le troisième Ubu pour compléter la trilogie des Ubu, qui sera peut-être un jour aussi notoire que celle des Œdipe. (Revue Blanche, éd.).

Le même ouvrage jouit du statut de « Livre de la semaine » :

Et pour finir, quelques publicités, cela fait toujours plaisir :

Publié dans Acquis

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P
eh Tim, tu te sens pas un peu décalé là? les Transformers?! vraiment...
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M
J'avais lu "Ubu Voltron", je pensais qu'un spin-off d'Ubu tournait autour des Transformers (ou l'inverse...)<br /> <br /> Je ne te cache pas que je suis un peu déçu.
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