Jean-Yves Masson – Ultimes vérités sur la mort du nageur
Il ne faut pas s’arrêter aux toutes premières pages de ce recueil de nouvelles, qui semblent ancrées dans une certaine littérature française intimiste et ennuyeuse : Jean-Yves Masson s’en sert comme d’un tremplin pour mieux faire valoir l’étrangeté de ses histoires, qui oscillent entre Borgès (« Une description », nettement inspirée par « Le miracle secret » des Fictions où un condamné à mort se voit autorisé à finir en pensée l’écriture de son œuvre), Kafka (« Un égarement », « Un voyage », où le narrateur n’arrivera jamais à destination) et la tradition du récit fantastique (« Un silence » et sa revenante). Les décors se réduisent à rien, les noms de villes et de personnages se résument à des initiales, et toute l’attention du lecteur se tourne vers le style très précis de l’auteur qui court comme un frémissement sur la nuque.