Un Lorrain en Provence
Très agréable sauterie hier soir à L’Arbre à Lettres de Mouffetard, où du beau monde saluait la parution au Clown lyrique des Lettres à Henry Kistemaeckers de Jean Lorrain, qui attendaient, inédites depuis plus d’un siècle, dans les archives de l’Arsenal que quelqu’un veuille bien les déterrer.
Leur découvreur, Éric Walbecq, nous a gratifiés de la lecture des plus coruscantes de ces missives, dont le ton tranche souvent sur celui du Lorrain que l’on connaît. Altercations avec des brigands qui finissent en fuite apeurée, armé d’une canne épée ; propos amères sur Paris et ses coteries désespérément plates et ennuyeuses ; autoportrait en Monsieur de Bougrelon à Toulon, le ventre dilaté par les fruits de mer et l’eau gazeuse — on ne s’ennuie pas à la lecture de cette correspondance.
Somptuairement gratifié d’un des vingt exemplaires hors commerce sur papier rouge, d’une décadence exquise qui aurait plu à Remy de Gourmont, dont les exemplaires de luxe affichaient toujours de réjouissantes nuances, je repartis comblé.